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Les empreintes dans le plâtre.
Mes empreintes dans le plâtre sont des tentatives de retenir l'éphémère, de donner corps à ce qui disparaît. Le plâtre, matériau fragile et humble, garde la trace immédiate du geste, comme une peau qui se souvient. Chaque empreinte devient une mémoire figée, un instant arraché au temps.
Là où le bronze inscrit la permanence, le plâtre affirme la vulnérabilité. Il enregistre sans filtre la pression d'une main, le frottement d'un objet, l'érosion d'un signe. Cette matière poreuse ne dissimule rien : elle accueille les accidents, les fissures, les manques. Elle dit la vérité du contact, la sincérité du geste.
Ces empreintes prolongent mon travail sur le langage. Elles sont des signes primaires, comme les premières écritures tracées dans la terre ou gravées sur la pierre. Chaque pièce est une tentative de dialogue avec les origines : quand l'art naissait de la nécessité de marquer, de laisser trace, de témoigner d'un passage.
Le plâtre n'est pas ici une étape préparatoire, mais une œuvre en soi. Il devient une matière de mémoire, une écriture fragile, un espace où se rencontrent l'humain et l'empreinte du monde.Mes bronzes naissent d'un rapport intime au temps et à la mémoire. La matière métallique, lourde et pérenne, me permet d'inscrire dans la durée ce qui, souvent, surgit d'un geste fragile, rapide ou éphémère. Chaque sculpture est la condensation d'un mouvement, d'une pensée, d'une tension intérieure figée dans l'alliage.
Loin de chercher la monumentalité classique, mes bronzes portent les marques du travail manuel, du modelage, des accidents assumés. Ce sont des formes qui oscillent entre la rudesse et la délicatesse, entre la solidité du matériau et la vulnérabilité du signe. Je veux que l'on sente dans chaque pièce la trace du corps qui l'a façonnée, la respiration d'une écriture en trois dimensions.
Ces sculptures prolongent ma recherche plastique sur le langage. Là où la toile propose une écriture de traits et de couleurs, le bronze fixe une écriture de volumes, de creux et de pleins. Chaque pièce est un mot sculpté, un fragment de phrase silencieuse, une tentative de dire autrement.
Travailler le bronze, c'est aussi dialoguer avec l'histoire de la sculpture. Mais je détourne cette tradition pour en faire une matière contemporaine, traversée de doutes, d'irrégularités, d'inquiétudes. Dans ces formes parfois brutes, parfois presque archaïques, se lit une tension entre permanence et fragilité, entre héritage et urgence.
Mes bronzes ne sont pas des objets figés : ce sont des présences. Ils interrogent le spectateur, non par leur monumentalité, mais par l'intensité de leur silence. Ce sont des écritures denses, sculptées dans la chair du métal, qui portent en elles l'écho d'un homme et de son époque.